Les classes moyennes ont disparu ……et pas uniquement en France !

30 mars 2012

25 ans de mondialisation ont métamorphosé la question sociale aussi profondément que la révolution industrielle au XIXe siècle. Les classes moyennes se sont déchiquetées, remplacées par les « nouvelles classes populaires » que tout oppose à la France des métropoles.

Qu’ils soient ouvriers, paysans, indépendants, ou cols blancs précarisés, ce sont eux qui subissent depuis un quart de siècle les délocalisations d’activité, la déflation salariale, la précarité et le chômage.
Pour autant, les nouvelles classes populaires sont bien majoritaires. Les ouvriers et les employés représentent 55% de la population active, auxquels il faut ajouter les chômeurs, mais aussi l’immense majorité des retraités, qui sont eux aussi des ex-ouvriers et des ex-employés.

Et si vous regardez le revenu médian, vous vous apercevez qu’il tourne en France autour de 1.300 euros dès lors qu’on intègre les salariés à temps partiel. A ce tarif là, les bouclages de fins de mois relèvent du tour de force. Il ne reste donc plus grand chose de la dynamique de « moyennisation » vers une classe centrale. Il y avait l’intégration par le travail et la promotion sociale d’une génération à l’autre. Il y a aujourd’hui un sentiment de dépréciation, de vulnérabilité, et la menace de la désintégration.

Entre les tenants d’une mondialisation heureuse et ceux qui vivent l’hyper-réalité de la mutation, le divorce culturel est consommé.
Il faut bien réaliser que le libre échange des capitaux, des produits et des hommes a restructuré l’espace français de fond en comble. A peu près comme l’industrialisation avait remanié le monde rural.

Source: D’apres les analyses et propos du geographe  Christophe Guilluy, à lire sur le nouvelobs

PS: Les classes moyennes ont disparu » ……et pas uniquement en France,
Je crois meme et sans rentrer dans les details que je retrouve la meme image en Israel, Et je n’anticiperai pas en disant que cela doit être le cas en Grece, en Espagne, au Portugal, en Irlande ect..
Adieu classes moyennes,  retour à la lutte des classes énoncée par Marx.


Rattrapées par le bas, distancées par le haut, les classes moyennes sont les seules à faire les frais depuis vingt ans des évolutions de la sociétè

27 janvier 2012

Definissons la classe moyenne comme les 60% de la population se situant entre les 20% les plus modestes et les 20% les plus aisés.

Les classes moyennes ont l’impression d’être les grandes perdantes: de plus en plus dépassées par une petite minorité d’ultrariches qui, selon l’expression du journaliste Thierry Pech (Le Temps des riches, Seuil), a fait « sécession » d’avec le reste de la société; ne bénéficiant pas des aides et allocations qui permettent aux plus pauvres de garder la tête hors de l’eau. « Rattrapées par le bas, distancées par le haut, les classes moyennes sont les seules à faire les frais depuis vingt ans des évolutions de la société française », soutient Laurent Wauquiez dans son ouvrage (La Lutte des classes moyennes, Odile Jacob), qui pointe « un contrat social à bout de souffle ».  

Ainsi, en France, 37% des plus de 50 ans estiment vivre mieux que leurs parents, contre 30% des 35-50 ans, et seulement 25% des moins de 35 ans. Mais vu par leur complement cela veut dire que 75% des moins de 35 ans vivent moins bien que leurs parents et c’est à mon avis un aspect tragique mais bien reel.

Les classes moyennes en ont conscience: elles seront peut-être les dernières pour qui l’ascension sociale fut un phénomène automatique. D’où le rapport très particulier qu’elles ont à la génération suivante: 55% des Européens se déclarent préoccupés pour l’avenir de leurs enfants, et 70% d’entre eux font déjà des sacrifices pour 

Pour la première fois en période de paix, la situation globale de la jeune génération est moins favorable que celle de ses parents, et cette situation pourrait perdurer. » Le mode de vie des Trente Glorieuses semblait voué à prospérer: accès à l’université, salaire mensualisé, propriété du logement, vacances, acquisition d’une automobile, retraite… Mais, constate alors Chauvel, pour une partie de ces nouvelles classes moyennes, cette évidence est battue en brèche. Une découverte d’autant plus difficile à admettre.

PS: les résultats de l’enquête de l’Observatoire Cetelem/TNS Sofres, sur leurs priorités dans 12 pays européens de l’Ouest et de l’Est sont plutot barbants à analyser mais si ca vous dit les voici


Lectures d’été: je suis parce que nous sommes de Nancy Houston

9 août 2021

Nancy Houston est née en Alberta, anglophone d’origine elle est devenue plus francophone que les parisiennes de naissance.

Son dernier essai est un recueil de notes du début de  période du corona, mars-avril 2020, periode de crise, de blocage, de pensée en berne, notes publiées méli-mélo dans divers journaux en France et au Canada. 

Pensée en berne certes mais suivi par une prise de conscience du pourquoi/comment nous en sommes là  aujourd’hui, ça nous est pas tombé du ciel comme cela un beau matin, il y avait des prémisses nous n’avons pas su les voir. Mea Culpa de Nancy mais c’est nous tous qui sommes concernés, fautifs, coupables mais les dominants sont mille fois plus coupables !

Les premières nations canadiennes ou les indiens si l’on préfère, avec les découvertes récentes  fosses communes où ces indiens ont été assassinés , tout devient plus clair:

“On vous racontait l’histoire du père Albert Lacombe, missionnaire oblat qui avait passé de longues années non seulement à évangéliser et à convertir les sauvages, mais aussi à apprendre leurs langues et à se familiariser avec leur culture, justement pour mieux les évangéliser et les convertir”

“Ce n’est que plus tard, en percevant la catastrophe vers laquelle nous conduisent nos certitudes arrogantes – désacralisation de la terre, épuisement des sols, extinction et massacre des animaux, pollution de l’air, des rivières, des océans, obésité galopante, diabète, maladies respiratoires, pandémies planétaires –, qu’il vous viendra à l’idée de retourner, doucement, intérieurement, sur la pointe des pieds, aux légendes et aux croyances des Premières Nations, et de vous dire… Ah bon ?

Nous sommes tous coupables !

“Sous nos yeux, à notre corps défendant, le monde est devenu cette grosse boule d’interdépendances maladives, où les riches exploitent, affament, et assassinent les pauvres et rendent les classes moyennes dépendantes de toutes sortes de produits criminels à l’apparence innocente. Nous sommes coupables dès que nous nous levons le matin : d’où viennent les oranges de notre jus d’orange, le café de notre café, le chocolat de notre chocolat, et le chrome de la radio que nous allumons pour écouter les mauvaises nouvelles du jour ? Tout en nous affranchissant fièrement des dogmes de la religion, nous nous sommes fabriqué un péché originel bien à notre image : insidieux, omniprésent, hégémonique”

“En clair, le nouveau « rêve chinois » ressemble à s’y méprendre au vieux « rêve américain » : décider tout seul choisir tout seul marcher sur la tête des autres écraser ses semblables prouver qu’on est le plus fort se démener toute la journée et s’arracher le plus de putain de fric possible de la naissance à la mort”

“Pourquoi “réussir sa vie” c’est forcément être riche et célèbre ? “

alors que l’on peut « vivre avec très peu de choses et être heureux »

Nous sommes des bêtes! 

“Les humains sont des bêtes qui « se la racontent », des animaux qui ne peuvent survivre sans histoires. Notre grande erreur a été de croire que cela nous rendait supérieurs aux autres animaux et nous donnait tous les droits sur eux : non seulement le droit de les nommer et de les dominer (que confère leur Dieu aux juifs dès le premier chapitre de la Genèse), mais aussi, depuis toujours, le droit de les tuer en masse, de les faire travailler pour nous, de les transformer et de les enfermer, et, plus récemment, de manipuler leurs gènes, de les bourrer d’hormones, de les cloner, de les forcer à se reproduire tout en les empêchant de se fréquenter, de les faire naître uniquement pour mourir et nous nourrir. Nous sommes les seules bêtes méchantes.”

Que nous est-il arrivé à chacun d’entre nous ?

“Comme tous les jeunes adultes, je me suis laissé influencer par les modes, mouvements et modèles qui me semblaient prestigieux et désirables.”

“À New York déjà, conformiste comme on l’est entre dix-huit et vingt ans, j’ai tourné le dos à « la nature » et fait des pieds et des mains pour acquérir « la culture » : régime, habits, coiffure, lectures infinies, cours de danse et de théâtre, cinéma, cigarettes… La disparition des oiseaux était le cadet de mes soucis !”

Or, pendant ce temps, inexorablement, l’emprise néolibérale se mettait en place”

“Et c’est ainsi que, souriante, ironique, intelligente, pleine de bonne volonté, hypercultivée, encore un peu destroy sur les bords, fumant, buvant, secouant tristement la tête devant la violence de notre espèce, avec d’autres qui me ressemblent, j’ai contribué – largement, tranquillement, stupidement – à conduire le monde au bord du gouffre”

Les dominants !

“Ce ne sont ni les êtres humains ni les hommes en général qui conduisent actuellement à leur perte des millions d’espèces terrestres dont la nôtre, ce sont les hommes dominants. Prenez n’importe quel journal ou revue dans n’importe quel pays du monde, lisez-le, de quoi parle-t-il ? Il parle de ce que font les hommes dominants qui, partout sur la planète, dirigent les pays, les armées, les églises, les multinationales, les villes, les régions, les supermarchés, les usines, les syndicats, les commissariats, les journaux, les bourses, les maisons d’édition, les chaînes de télévision, les entreprises, les universités, les instituts de recherche et les centrales nucléaires”

je-suis-parce-que-nous-sommes

Et la nature, bordel !

 “Seuls à parler, nous avons décrété que le Verbe était au commencement de tout et créé un Dieu à notre image, pour prétendre ensuite que nous tenions de lui le droit (et même le devoir) de nommer-dominer. Nous en sommes obsédés, obnubilés. Inlassablement, nous nommons et dominons les autres (humains ou non), les traitant d’abrutis, de bêtes, d’animaux, de barbares ou de sauvages”

“de remplacer nos rythmes par des algorithmes, l’humain par le transhumain et notre souffle vital par des bracelets de fitness, nous mettons en place le grand Effacement de toute vie sur Terre”

Mais le vrai monstre est bel et bien le scientifique fou : celui qui bafoue la mort, nie le passage du temps, refuse le caractère fragile, éphémère et interdépendant de la vie, se rêve solitaire, héroïque et tout-puissant, aspire à la domination totale de la « Nature » par l’homme

“En clair, les plus grands criminels ne se trouvent pas derrière les barreaux, mais à la barre : ce sont ces monstres purs, ces hommes qui aspirent à la croissance infinie, à la puissance absolue, au contrôle total, à la vie éternelle et à la richesse folle, qui nous précipitent vers l’apocalypse imaginée par Mary Shelley dans Le Dernier Homme”

Mais  tout cela se tient car 

 « Au commencement était le Mensonge. » 

Jonas Mekas

« Parce que l’homme est bête, explique en toute simplicité son personnage, phénoménalement bête »

les Carnets du sous-sol de Fiodor Dostoïevski 

Jonas Mekas, Dostoïevski  , Nancy Houston me donne envie de découvrir l’un , de relire l’autre . Chiche alors!

Note: 7/10 sur l’échelle RG


20 sur 20

27 décembre 2019

2020 ou 20-20 est là.
L’année 2019 elle, prend fin, mais 2019 n’a rien eu de particulier (si ce n’est le nombre impressionant d’inondations) et n’est que la suite et la conséquence des événements de la deuxième décennie du XXI éme siècle.
La première décennie étant définie avant tout par le 11 septembre 2001 (nine eleven) , de la seconde -de 2010 à aujourd’hui- on peut relever les mots clés suivants qui ont fait l’actualité:

POPULISME, genres (sexes), VIOLENCES FAITES AUX FEMMES/METOO

PRINTEMPS ARABE, MIGRANTS, FIN DU TERRORISME MUSULMAN

CLASSES MOYENNES, GILETS JAUNES, ENTROPIE, LIBERTE

POUTINE , MERKEL , TRUMP, CHINE

l’ere des MANIPULATIONS, FAKE NEWS , FIN DE LA VERITE

GAFA, RESEAUX SOCIAUX, (sans mon) IPHONE, ROBOT, IA/ INTELLIGENCE ARTIFICIELLE , PHUBBING

INFLATION ZERO, TAUX NEGATIFS

SURPOPULATION

RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE, INONDATIONS, des(ORDONNANCE),

EXIT, BREXIT

 

Pour résumer notre époque on peut dire que les problémes sociaux l’emportent sur les problémes géo-politiques, on  parlera plus d’un conflit social intérieur que d’un conflit international. Ce sont les Gilets Jaunes et non les tensions  Iran-Arabie Saoudite qui font la Une.

– les fausses nouvelles ont été souvent plus populaires que les vraies nouvelles, et les rumeurs encore plus. Nous sommes passés à l’ère post-vérité, le mot vrai et le mot vérité doivent être bannis des lexiques ou redéfinis.

La concentration croissante de l’économie aux mains d’entreprises dominantes accentue la pression sur les clients et sur les employés. C’est un mal puissant qui dérègle le fonctionnement du capitalisme

Le marché, est progressivement devenu le véritable souverain planétaire, asservit les électeurs, qu’il traite comme des consommateurs, et les élites politiques, qu’il considère comme des employés.

– Ce qui tue plus que la terreur ? tout simplement l’environnement, la pollution de nos usines

– Nous ne sommes plus dans les médicaments qui soignent mais plutôt dans la catégorie douteuse des médicaments qui vous donnent l’impression de vivre, de bien vivre alors que ce ne sont que des poisons venus remplacer l’ère des fast-food et McDo qui les ont rendu malades.

– Google est partout dans notre vie sans notre avis, les Gafa se comportent comme des vulgaires voleurs.

La conclusion est que la presse ne fait pas son travail. Déjà soupçonnés de collusion avec les élites, les journalistes font aujourd’hui figure d’accusés, coresponsables d’une omerta que nous découvrons

Pour 2020, on sent/ressent  l’influence de la surpopulation, le déclin des USA, le mécontentement des classes moyennes, moins de démocratie et des droits de l’homme, les migrants et beaucoup la pollution.

Si jusqu’en 2000 nous vivions comme des poules en liberté dans la nature, aujourd’hui  nous vivons dans un poulailler pollué et sans liberté .

perdu

Aujourd’hui surtout, ce qui s’est perdu, c’est la foi dans la possibilité de transformer le futur de manière positive.

Pas très optimiste comme tableau et pourtant les 10,15 ou 20 années à venir seront plus riches d’imprévus que de certitudes. Qui avait prévu le 11 septembre, qui avait prévu Facebook et leurs consequences. On nous promet de belles choses, voiture autonome, intelligence artificielle, voyages sur la lune, du virtuel irréel, ….
L’avenir est et reste un grand point d’interrogation.  

point-dinterrogation


Sur la classe moyenne

11 mars 2018

Auparavant, la classe moyenne désignait les personnes qui, à force de travail, pouvaient acquérir une propriété résidentielle, surpasser le mode de vie de leurs parents et profiter d’une retraite dans un certain confort.

‏Aujourd’hui il semblerait que la classe moyenne soit de moins en moins nombreuse et plutot une classe en voie de disparition.

La classe moyenne c’est donc ceux qui se lèvent tôt et qui se font coincer par des bouchons de plus en plus tentaculaires, ou prennent le train pour rejoindre leur boulot car vu le prix de l’immobilier ils sont contraints d’habiter loin des centres de travail. Prendre une hypotheque pour eux, c’est s’endetter pour les 30 prochaines années c’est à dire qu’arrivé à l’age de la retraite leur logement ne leur appartiendrai pas encore totalement. Surpasser le mode de vie de leurs parents ….. une leurre.
L’Etat-Providence n’est plus, il est remplacé par l’Etat-Gendarme (Google, Apple, Amazon et Facebook) et autres tycoons expoitants.

classe-moyenne

A LIRE OU A RELIRE SUR LE MEME THEME:

– les classes moyennes sont les seules à faire les frais

–  Les classes moyennes ont disparu

 


Derrière la vitre, Robert Merle

11 août 2013

L’avantage chez mon bouquiniste de Jérusalem c’est de trouver des bouquins intéressants sortis du système des librairies, et souvent de bons bouquins. C’est le cas de Derrière la vitre de Robert Merle

Robert Merle s’est servi de son expérience d’enseignant à la faculté de lettres de Nanterre pour tirer la matière de Derrière la vitre.
Ce roman  mêle personnages fictifs et réels (les étudiants Cohn-Bendit, Tarnero, Duteuil ou Langlade, le doyen Grappin….) et aborde aussi bien les préoccupations de la jeunesse (identité, sexualité, autonomie), que la politisation des étudiants et les luttes entre les différentes sensibilités (anarchistes, maoïstes, communistes, situationnistes) ou encore le sort des immigrés: c’est un avant Mai 68 que j’avais  suivi au lycée à Strasbourg et que j’avais essayé de comprendre et de m’identifier aux étudiants de la fac.
Cette description précise de Robert Merle est une étude sociologique d’un état d’esprit d’avant mai 68, professeurs, assistants, étudiants et étudiantes en mini jupe en quête de libération sexuelle à  la recherche d’autre chose qu’ils ne comprenaient pas toujours . Il n’y avait que les chefs comme Cohn Bendit pour bien comprendre et forcement diriger le mouvement.
Un livre aujourd’hui de nostalgie d’une période magnifique etd’une liberté qui ne sera plus, aujourd’hui comble d’ironie les étudiants ont moins de libertes que ceux de mai 1968!!

Vous contestez et votre contestation est aussitôt récupérée par le régime. La stratégie du capitalisme libéral consiste à capitaliser la violence des opposants pour effrayer les classes moyennes et se consolider au pouvoir par la peur.

Le nazisme liquide les opposants, tandis que le capitalisme libéral les neutralise. La grande force du libéralisme justement, c’est ça, c’est sa mollesse .

Au delà du roman, Robert Merle est un sociologue , ce qu’il écrivait en 68 est encore plus vrai aujourd’hui, sur le ‘JE’, la ‘société de consommation’ et la ‘jeunesse’

Des que je dis « je », le mensonge n’est pas loin.
Des qu’on se raconte, on interprètre.
Des qu’on se confesse, on fabule.

Dans une société industrielle, où il s’agit de vendre plus pour multiplier les profit, une publicité obsessionnelle inculque au public une faim insatiable de nouveautés. Par contagion, par habitude d’esprit, parce que nous baignons dans cette mystique de la consommation, la soif de gadgets inédits gagne de proche en proche des domaines qui, comme l’art ou la littérature, se situent pourtant, dans une large mesure, en dehors du progrès technique. La mode alors, apparaît d’autant plus tyranique et sacrée qu’elle est plus arbritraire

Et surtout l’enthousiasme, l’élan, la foi naive que la mort était encore très loin.

Note: 5 sur l’echelle GR (1 à 10)
PS: seulement 5 car on se perd avec le grand nombre de personnages de ces 24 heures d’étude.


2012 en 12 points

14 décembre 2012

2012 restera avant tout une annèe de crise èconomique pour l’ Europe particulièrement. Le monde avance, l’Europe vieillit, recule et s’islamisme. 

Pour le meilleur et pour le pire voici les points qui l’ont marquée.

1. Les classes moyennes  sont en voie de disparition: les classes moyennes se sont déchiquetées, remplacées par les « nouvelles classes populaires ». Depuis les années 1960, chaque génération vit moins bien que la précédente.

2. Poutine III, Obama II reelus mais Sarko et Berloscuni  sont out, sans oublier la grande inconnue Xi Jinping.

3.  C’est la suite des horreurs du Printemps arabe: un printemps qui devient ce vivier de convulsions à l’issue desquelles on peut craindre que les peuples révoltés ne se laissent imposer les gouvernements les plus obscurantistes et les plus autoritaires.

4. Facebook ou farcebook en bourse.

5. Encore des G vain, la crise de l’Europe avec des taux de 20 à 25 % de chomage chez les jeunes.


6. Curiosity sur Mars mais plus de curiosité pour Facebook sur Terre


7. Usain Bolt, l’homme le plus rapide de la planete et la chute aux enfers de Lance Amstrong le cycliste le plus admiré des tours de France.


8. Stephan Harper, un politicien de valeur et de morale et la super woman Angela Markel d’un cote, les horreurs Assad et des freres musulmans de l’autre.


9. Les degats de Sandy mais aussi les remarquables previsions meteorologiques qui ont permis à la majorité des gens de se proteger à temps.

10. Ces multinationales qui nous controlent, Google, Apple, MacDo, Walmart et j’en passe.

11. Banalisation de l’antisemitisme, le monde tend à oublier les horreurs de la Shoah.


12. Des terroristes du Hamas qui ne visent que les civils et des technologies israeliennes qui font tout pour eviter de bombarder des civils palestiniens du Hamas.
Ou est le dent pour dent, oeil pour oeil biblique? 

Et  pour 2013 ….. Inutile de prevoir, la vie a ses surprises qui nous surprennent toujours. 


lauriers décernés à l’économie israélienne

24 septembre 2011

Je reprends intégralement ci-dessous cet article du Monde, j’y ajouterais qu’en réalité Israel est à cheval entre les économies occidentales en déclin relatif et les économies des pays du BRIC en hausse constante.
La raison me semble t’il est qu’en Israel on a une technologie de modèle occidental avec des salariés en modèle tiers-monde. Il n’y a pas de redistribution de la richesse, et cela explique le mouvement des tentes, des jeunes des classes moyennes qui travaillent à bas prix et n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois ou acheter un logement décent.
C’est le nouveau modèle d’exploitation de la classe ouvrière moyenne.

Un taux de croissance de 5,4 % prévu cette année, un taux de chômage (5,5 %) au plus bas depuis trente ans et un déficit public en baisse continue. Ces résultats, qui ont de quoi faire pâlir plus d’un ministre des finances, valent à l’économie israélienne une pluie de félicitations.
Le 7 septembre, le Forum économique mondial de Davos a modifié le rang du pays au classement mondial de la compétitivité, le faisant passer de la 22e à la 20e place.
Plus habituée, ces derniers temps, à tancer qu’à louer, l’agence Standard & Poor’s a pour sa part annoncé le 9 septembre qu’elle relevait de A à A+ la note du pays dont elle cite en exemple « la croissance forte et la gestion prudente ».

Les milliers de jeunes Israéliens et de membres de la classe moyenne qui, depuis la mi-juillet, campent et se mobilisent contre la vie chère et la pénurie de logements, n’apprécieront pas forcément cette série de louanges.
En Israël, les bons indices économiques et la bonne santé financière ne vont pas de pair avec les indicateurs sociaux, ce qui ne semble guère soucier – c’est le moins que l’on puisse dire – l’agence de notation. En cause : le manque d’efficacité des mécanismes redistributifs et d’indexation des revenus par rapport aux prix. Le 15 septembre, dans Les Echos, Yuval Steinitz, ministre des finances, affirme pourtant que « penser qu’il existe un écart important entre la macro et la microéconomie » constitue « un non-sens »


la contestation de l’été 2011 ou la révolte des tentes

5 septembre 2011

Tout a commencé un 14 juillet, alors qu’à Paris on fêtait la prise de la Bastille. Daphna Leef une jeune femme de 25 ans, réalisatrice de vidéo, déclenche le départ en installant la première tente de protestation sur le terre-plein du boulevard Rothschild à Tel-Aviv, pour dénoncer la flamblée du prix des logements qui a grimpé en moyenne de plus de 60 % en quatre ans alors que les revenus des classes moyennes stagnent.

4 tentes, 8 tentes, 32 tentes…. très vite le mouvement avec l’appui des médias prend de l’ampleur dans toutes les villes en Israel. La vague de contestation ne cesse de s’amplifier et de manifestation en manifestation, de samedi soir en samedi soir le nombre de manifestants pour une justice sociale augmente exponentiellement jusqu’à 450,000 personnes (pour 7 millions d’habitants ce qui équivaut à une manifestation de plus de 4 millions de personnes à Paris !).

Merci Daphna


Ce ral’bol est avant tout un bol d’air pour la société israélienne, le paradoxe d’un pays en forte croissance qui ne voit pas baisser le nombre de ses pauvres, on y denonce d’une maniere catégorique et radicale le néolibéralisme. Le slogan majeur, absolu, est partout : le peuple veut la justice sociale.

Une part grandissante de la population israélienne prend conscience du fait que les réformes ultra-libérales menées par les différents gouvernements depuis le début des années 2000 sapent l’un des piliers du sionisme : la justice sociale.
Aspiration suprême de tous ces jeunes, de toutes ces familles qui n’arrivent pas à boucler leur fin de mois: PLUS de justice sociale.
Ce pilier de la société israélienne porte l‘essentiel du fardeau des obligations citoyennes vis-à-vis de l’Etat – travaillant, payant les impôts et servant dans l’armée. Ils réclament de nombreuses mesures: construction massive de logements pour offrir des locations à bas prix, hausse du salaire minimum, taxes sur les appartements inoccupés et école gratuite à tout âge. Bref, un retour vers le lointain et impossible Etat providence que leurs parents ont vécu et connu, un Eldorado inaccessible !

Quand un directeur gagne sans honte des millions et n’offre à ses employés que des salaires de misère, quand les grands patrons de l’économie – 18 familles ne cherchent que la maximalisation de leurs
profits alors on vit le capitalisme sauvage.

Aujourd’hui on démantèle les tentes: les purs et durs sont menés par Daphni Leef, cette jeune femme qui a tout déclenché en installant la première tente de protestation, devenue le symbole de la lutte.
Face à elle, Itzhik Shmuli, le dirigeant de l’Union des étudiants, représente les réalistes plus «politiques» pour qui la rue a créé un rapport de force favorable à l’ouverture d’un dialogue avec le gouvernement car dans une démocratie, le changement est impossible sans passer par le travail politique, la compétition électorale et la voie parlementaire.

Le pouvoir économique fait pression sur le pouvoir politique mais l’été israelien a fait marque, le mouvement des jeunes a imprégné les mentalités.
On ne peut que les applaudir, ils veulent avoir accès à un logement décent.
On ne peut que les appuyer, ils réclament moins de capitalisme sauvage et plus de justice sociale (on est loin du socialisme).
On ne peut qu’espérer qu’ils reussissent car ce serait un mouvement qui se propagerait à l’Europe pour revenir 25 ans en arrière lorsque l’humain avait encore priorité sur le capitalisme.

Oui pour un monde plus attentif à l’humain !


Comprendre le phénoméne Gilets Jaunes

3 décembre 2018

 
Pour mieux comprendre le phénoméne Gilets Jaunes, il vaut mieux quitter l’hexagone et voir comment outre-mer il est perçu. Un article du Gardian https://www.theguardian.com/commentisfree/2018/dec/02/france-is-deeply-fractured-gilets-jeunes-just-a-symptom l’analyse avec précision, en voiçi la traduction.

La France est profondément fracturée. Les Gilets jaunes ne sont qu’un symptôme

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Dés les années 1980, il était clair qu’il fallait payer un prix pour que les sociétés occidentales s’adaptent à un nouveau modèle économique et ce prix sacrifiait la classe ouvrière européenne et américaine. Personne ne pensait que les retombées toucheraient également le soubassement de la classe moyenne inférieure. Cependant, il est maintenant évident que le nouveau modèle a non seulement affaibli les franges du prolétariat, mais également la société dans son ensemble.

Le paradoxe est que cela ne résulte pas de l’échec du modèle économique mondialisé, mais de son succès. Au cours des dernières décennies, l’économie française, à l’instar des économies européenne et américaine, a continué à créer de la richesse. Nous sommes donc en moyenne plus riches. Le problème est que le chômage, l’insécurité et la pauvreté ont également augmenté. La question centrale n’est donc pas de savoir si une économie mondialisée est efficiente, mais que faire de ce modèle lorsqu’il ne parvient pas à créer et à entretenir une société cohérente?

En France, comme dans tous les pays occidentaux, nous sommes passés en quelques décennies d’un système qui intègre économiquement, politiquement et culturellement la majorité à une société inégale qui, en créant de plus en plus de richesses, ne profite qu’aux personnes déjà riches.

Le changement ne réside pas dans un complot, une volonté de mettre de côté les pauvres, mais dans un modèle où l’emploi est de plus en plus polarisé. Cela vient avec une nouvelle géographie sociale: l’emploi et la richesse se sont de plus en plus concentrés dans les grandes villes. Les régions désindustrialisées, les zones rurales, les villes petites et moyennes sont de moins en moins dynamiques. Mais c’est dans ces endroits – dans la «France périphérique» (on pourrait aussi parler d’Amérique périphérique ou de Grande-Bretagne périphérique) que vivent beaucoup de gens de la classe ouvrière. Ainsi, pour la première fois, les «travailleurs» ne vivent plus dans des zones de création d’emplois, ce qui provoque un choc social et culturel.

C’est dans cette France que le mouvement Gilets Jaunes est né. C’est également dans ces régions périphériques que la vague populiste occidentale prend sa source. L’Amérique périphérique a amené Trump à la Maison Blanche. L’Italie périphérique – le mezzogiorno, les zones rurales et les petites villes industrielles du nord – est à l’origine de sa vague populiste. Cette protestation est menée par les classes qui, jadis, constituaient jadis le point de référence essentiel pour un monde politique et intellectuel qui les a oubliées

Donc, si la hausse du prix de l’essence a déclenché le mouvement des Gilets Jaunes, ce n’était pas la cause fondamentale. La colère est plus profonde, résultat d’une relégation économique et culturelle amorcée dans les années 80. Dans le même temps, des logiques économiques et foncières ont enfermé le monde des élites. Ce confinement n’est pas seulement géographique mais aussi intellectuel. Les métropoles mondialisées sont les nouvelles citadelles du XXIe siècle – riches et inégales, où même l’ancienne petite bourgeoisie n’a plus sa place. A leur place, les grandes villes globalisées travaillent sur une double dynamique: la gentrification et l’immigration. C’est le paradoxe: la société ouverte aboutit à un monde de plus en plus fermé à la majorité des travailleurs.

La fracture économique entre la France périphérique et les métropoles illustre la séparation d’une élite et de son arrière-pays populaire. Les élites occidentales ont progressivement oublié un peuple qu’elles ne voient plus. L’impact des Gilets Jaunes et leur soutien dans l’opinion publique (huit Français sur dix approuvent leurs actions) ont émerveillé les hommes politiques, les syndicats et les universitaires, comme s’ils avaient découvert une nouvelle tribu en Amazonie.

Rappelez-vous que le gilet jaune a pour objectif d’assurer la visibilité de son porteur sur la route. Et quelle que soit l’issue de ce conflit, les Gilets Jaunes ont gagné sur ce qui compte vraiment: la guerre de la représentation culturelle. Les gens de la classe ouvrière et de la classe moyenne sont à nouveau visibles et, à leurs côtés, les lieux où ils vivent.

Leur besoin en premier lieu doit être respecté et ne plus être considéré comme « déplorable ». Michael Sandel a raison lorsqu’il souligne l’incapacité des élites à prendre au sérieux les aspirations des plus pauvres. Ces aspirations sont simples: préserver leur capital social et culturel et leur travail. Pour que cela réussisse, nous devons mettre fin à la «sécession» des élites et adapter les offres politiques de gauche et de droite à leurs revendications. Cette révolution culturelle est un impératif démocratique et social. Aucun système ne peut subsister s’il n’intègre la majorité de ses citoyens les plus pauvres.

Christophe Guilluy