Je me souviens de l’exposé de philosophie sur « tout choix implique des sacrifices »
Il y a de cela près d’un demi-siècle mais rien n’a changé et je garde en memoire cette image d’un enfant devant la vitrine d’une patisserie lorsqu’il doit choisir son gateau, un gateau un seul et par ce même choix renoncer à tous les autres. Il prend le mille-feuilles, le retourne, le rend et prends l’éclair au chocolat, mais le baba au rhum attire son attention et le voila remettant l’éclair et…
Pas de fin, oh rage, oh desespoir il faut choisir mais il faut surtout renoncer à tout le reste. Quel sacrifice !
Ce souvenir de l’enfant au baba-au-rhum me revient aujourd’hui au moment de decider si je vends ou pas ma villa, vendre ou ne pas vendre, si je vends je me rapproche de mes enfants et petit enfant, mais le climat et l’humidité sont impossibles même sur le mont Carmel, ce n’est plus l’air froid/frais des hauteurs des monts de Judee.
Si je ne vends pas je me condamne à la passivité dans une prison en or, mais si je vends je suis nomade, sans toit, et donc condamne à m’exiler loin bien loin sur le mont Royal , j’aime beaucoup Mont Royal mais j’aime surtout la présence et le sourire de mon petit fils. Alors que faire, que decider, et des que je prends une décision il y a toujours une raison pour decider le contraire.
Et dire que des années durant j’ai revé de vendre et de partir, et aujourd’hui je ne veux pas vendre et ne veux pas partir. Qu’est ce qui a changé, le temps et l’âge d’abord, la famille ensuite, la paresse en surplus.
Mais vendre c’est se retrouver avec des bagages, des affaires, des livres, des souvenirs qu’il va falloir comprimer car je vais vers du plus petit, du moins luxueux.
C’est dur, vendre oblige donc à acheter, acheter loin c’est être loin de mon but principal qui est d’être près des enfants et petit enfant.
Oh rage oh desespoir à 8h deux heures avant de signer je fais sauter les plombs acheteurs, avocats et raison.
A 19h je reviens à la raison, je signe ma résignation, je vends, c’est fini, c’est trop tard j’ai signé.
Ai-je bien fait? L’avenir nous le dira mais c’est surtout moi dans l’avenir qui fera que j’ai bien fait, j’ai fait le saut, saut perilleux, ne regardons plus en arrière, prenons les choses en main, une porte nouvelle s’ouvre, un nouvel horizon.
Oublions le passé, regardons l’avenir, tout choix implique des sacrifices, j’ai le baba en main tout comme l’enfant de l’exposé philosophique, et je dois oublier les autres gateaux de la vitrine.