Israel: état des lieux et état d’esprit qui règnent après 70 jours de guerre

16 décembre 2023

PS:cet article a été écrit par Ron Ben Ichai*, je l’ai traduit et le reprends partiellement parce qu’il exprime réellement et profondement l’état des lieux et l’état d’esprit qui règnent en Israel après 70 jours de guerre.

Personne ne sait quand cette guerre prendra fin. Il est difficile d’en voir l’image finale en ce moment. Il est encore impossible de savoir si le front nord prendra feu ou non, ce qui sera fermé avec les Houthis et si la poudrière de Judée-Samarie explosera. Nos vies sont pleines de points d’interrogation. Notre humeur va d’une dépression profonde à une dépression plus profonde. Notre bulle a éclaté. L’illusion qu’il est possible de mener une vie relativement normale ici et de manœuvrer d’un round de combat à l’autre sans s’engouffrer s’est évaporée.

En fait, ce n’est pas exact ! Le tableau n’est pas si noir. Il y a des sections grises qui deviennent plus claires. Il y a pas mal de points de lumière, qui augmentent et se multiplient. Parce que ce que nous savons, c’est qu’Israël se bat. L’addiction à la tranquillité a disparue. La volonté de payer un prix pour vivre ici a été renouvelée. Pendant trop longtemps, nous avons marché sur la pointe des pieds, en essayant de ne pas faire tanguer le navire, en payant des pots de vin à nos voisins, en faisant attention de ne pas trop brusquer ceux qui nous haïssent, en faisant tout pour que l’illusion de calme perdure pendant une autre année, un autre mois, un autre jour.

Pendant la deuxième guerre du Liban, le pays était paralysé, gelé et pétrifié face aux 8 morts à Maroun a-Ras. Dans toutes les rounds à Gaza, les responsables politiques (presque toujours c’était Netanyahou) étaient saisis d’horreur à l’idée que des centaines de soldats seraient tués si nous osions envisager d’éliminer le Hamas. Nasrallah est devenu notre menace officielle. Nous attendions ses discours comme un accusé attend son jugement, tout comme un contribuable attend l’avis de l’agent fiscal.

Donc ça y est, ca aussi c’est fini! La catastrophe du 7 octobre a balancé tout cela.

Mardi dernier, 10 officiers et combattants sont tombés dans une bataille féroce à Sujaiya. La plupart d’entre eux sont originaires de Golani. Un tel événement, il y a un an, aurait paralysé Israël pendant deux ans. Plus maintenant. Nous avons ravalé nos larmes, nous nous sommes raclés la gorge, nous nous sommes pincé les lèvres et nous avons continué.
Oui, nous atteindrons bientôt les 500 soldats morts (près de 80% d’entre eux sont tombés le 7 octobre), mais personne n’envisage de baisser les bras, de sombrer dans un désespoir et de rentrer à la maison la queue entre les jambes. Et nous n’avons même pas encore parlé des civils qui ont été massacrés en masse le Shabbat du 7 octobre.

Nous ne devons pas oublier que c’est ce que nous faisions depuis des générations. Toutes les rounds à Gaza étaient une honte. Toutes les attentions faites à Nasrallah étaient une honte. Notre société d’abondance croyait qu’il était possible de continuer à tricher avec la météo et forcer les cartes.
Les deux derniers mois nous ont appris qu’il y a une limite à chaque ruse, et maintenant nous sommes dans une deuxième guerre d’indépendance, après laquelle, prions pour, les choses seront complètement différentes.

Les bonnes nouvelles: toute la région le regarde et le voit. On voit Israël payer un lourd tribut à Gaza, mais sans cligner des yeux. On voit un Tsahal puissant opérant sa machine de guerre imparable, insensible aux jours difficiles. On voit le public payer des prix inimaginables, mais ne pas baisser la tête. Ce que le monde voit, c’est un pays invincible qui revient à lui-même.

Les démonstrations d’héroïsme sont étonnantes. Pas seulement de la part des combattants. Des habitants et des civils qui se sont battus pour leur vie, des escouades d’alerte, des braves policiers, tous ceux qui ont sauté de la maison le 7 octobre et se sont précipités vers le sud pour arrêter les sauvages avec leurs corps. Pas de questions posées, pas de calculs et pas de remise en question . Et même notre société civile est également en train d’émerger en force. L’engagement de tous dans l’effort de guerre, la créativité, le volontariat, la détermination et le courage. Tout cela est sans précédent

Il n’y a pas une autre armée dans le monde où le pourcentage d’officiers tombés au combat est si élevé. Il n’y a pas d’autre armée au monde où le terme « après moi » est aussi réel et concret. C’est ainsi que le commandant du bataillon 13, le lieutenant-colonel Tomer Greenberg, et le commandant du bataillon 53, le lieutenant-colonel Salman Habeka:
Un Kibboutznik et un Druze. Un Golani et un Tankiste. Dans leur vie et leur mort, ils ne se sont guère séparés. C’est ainsi que le major Ariel Ben-Moshe, de l’unité de l’Etat-major général, a tout quitté ce Shabbat pour foncer vers le Sud. Sa mère, Galit Waldman, nous a tous glacés lorsqu’elle a dit après sa chute qu’elle n’était pas en deuil maintenant, parce que maintenant nous devons gagner. Elle fera son deuil plus tard.

L’alliance israélienne vit, encore, toujours en marche, et combat aussi. Avec les manifestations hebdomadaires l’an passé il y a eu des essais de nous défairer ici en nos composantes. Ils ont essayé de séparer les combattants des officiers, entre gauchistes et de droite, entre religieux et laïcs, entre ashkénazes et séfarades. Pendant un moment, cela a semblé fonctionner. Mais quand nous avons été appelés au champ de bataille, cela a échoué.
À l’hôpital de réadaptation de Sheba, j’ai rencontré deux combattants. L’un d’eux, le fils d’un ami très cher, m’est bien connu. Officier de reserve dans les blindés . Ashkénaze, une famille très bien établie, des opinions politiques de centre-gauche. Il a été grièvement blessé. Son ami est religieux, colon, avec de longues perruques (et une guitare). De droite, peut-être même ultra-orthodoxe. Ils s’étreignirent. Il était impossible de se méprendre sur l’amitié qui régnait entre eux. Lorsque vous êtes assis dans le même tank, que vous portez la même civière ou que vous prenez d’assaut le même tunnel à Jabaliya, vous n’êtes ni religieux ni laïc, de droite ou de gauche. Vous êtes Israélien.

Cette guerre ne peut se terminer par aucun autre résultat que la victoire. Cela doit être clair. Elle ne peut faire l’objet d’interprétations. Elle devrait inclure la mort violente de tous les dirigeants du Hamas, de toutes les armes et de toutes les formations, cela devrait inclure le meurtre ou la capture de la grande majorité des membres de la force Nukhba, les nazis d’aujourd’hui. Il devrait inclure le Hamas sans pouvoir à Gaza le lendemain. Il est préférable de le faire le plus vite possible . Celui qui pensait que nous aurions tout le temps du monde se trompait. Il ne faut pas quitter des yeux la balle et la cible.

Un résultat clair, décisif et sans équivoque remodèlera la dissuasion israélienne dans l’espace violent dans lequel nous vivons. Un espace où il n’y a pas de place pour les faibles, les hésitants ou les «fatalistes ».

PS: * journaliste et analyste militaire


Souvenirs, souvenirs !

9 mars 2023

Vous souvenez-vous de la photo de cercueils de Bergame, en Italie, en mars 2020, qui a terrifié le monde et contribué à la frénésie du confinement ? C’était du FAKE ! Et pourtant cette photo aura bouleversé le monde, notre monde personnel et notre monde social.

Il y a trois ans, le monde occidental s’est immobilisé. Le récit officiel de Covid-19 dépeint un étrange virus soudainement super-propagation, plus mortel que la grippe, originaire de Chine et qui a atterri dans le nord de l’Italie.

Des reportages médiatiques dramatiques émanant du nord de l’Italie ont été martelés dans et sur la psyché occidentale, donnant l’impression qu’il y avait un nouveau virus mystérieux « super propagé » et « super mortel » galopant à travers la région, infectant et tuant des dizaines de personnes.
Des rapports déchirants en provenance de Bergame, une ville de la région alpine de Lombardie, dans le nord de l’Italie, ont parlé de cercueils empilés, de « décès liés au covid qui augmentent sans relâche » et du besoin alarmant d’assistance militaire pour éliminer le sinistre volume de cadavres qui s’accumulent .

Aujourd’hui, trois ans plus tard, une évaluation complète de l’histoire de la prétendue urgence médicale italienne au printemps 2020 révèle un récit de l’histoire épidémiologique troublante du nord de l’Italie, de la manipulation des médias de masse et des reportages trompeurs utilisés pour créer l’illusion d’une nouvelle épidémie.

Lire l’analyse complète:  https://www.globalresearch.ca/italy-2020-inside-covid-ground-zero-europe/5811246

Conclusion: Trois ans plus tard, la vérité indispensable de l’histoire italienne est qu’une fois que vous grattez sous la surface du récit officiel de la pandémie de Covid, il s’avère être un puits de serpent sans fond, de distorsions, de manipulations et de mensonges éhontés.
Les preuves de l’Italie en 2020 exposent le récit officiel du « Covid » pour ce qu’il est – une tromperie organisée de sang-froid. Il n’y a pas eu de pandémie.


Lectures d’hiver: Cécile Ladjali / la nuit est mon jour préféré

2 mars 2023

Par hasard j ‘ai découvert Cécile Ladjali au moment où elle effectuait une tournée en Israel pour présenter son dernier roman “la nuit est mon jour préfèré”.
En Israel pour la première fois alors que son roman évoque ce pays avec un psychiatre israélien Tom qui est déchiré de toutes parts, son amour pour Roshan la palestinienne qu’il traite, sa mére qui l’a repoussé depuis qu’il était dans son ventre, son malade Steiner qui lui fait des leçons, sans parler des souvenirs sur le “naufrage”  Soyouz dont le cosmonaute était en relation avec la sœur jumelle de sa mère. Bref un roman compliqué à l’image du conflit israelo-palestinien. Il faut lire et relire pour en tirer les ficelles et je n’ai pas eu ni le temps (mon livre digital est automatiquement repris après 20 jours), ni la patience.

Par contre le coté idées/philosophique est trés riche, n’oublions pas que l’auteur est avant tout une linguiste: les fous, le dialogue inter-humain, le message dans l’art, la solitude (du psychiatre ou de l’homme en général), l’intrusion du smartphone, la cacophonie genérale qui symbolise la dechéance et la chute de l’Occident, la bonté, la colere et la vengeance, bref les choses de la vie et chapeau à Cecile Ladjali qui a su mettre en evidences ces multiplicités chez l’homme.
J’en retiendrais surtout sa remarque sur le mot visage et le mot vie

Le mot visage (פָּנִים) en hébreu est toujours au pluriel. Il en va de même pour le mot vie (חַיִי.). Il y a toujours plusieurs visages et plusieurs vies

C’est vrai, en français on parle d’un visage ou d’une vie, mais ces expressions sont multi-dimensionnelles en hébreu, nous avons tous plusieurs visages et plusieurs vies selon les expressions et les temps.
Chez Tom il y avait la vie uterine, la vie après la naissance et aussi la vie apres la mort, la preuve est l’influence de sa defunte tante sur le climat entre sa mère et lui-même.

Et voici un aperçu de ces choses de la vie…..

P24/ Les fous aussi entendent mieux que nous. Ils devinent ce qui se cache derrière les mots, sous la syntaxe. Ils débusquent dans un timbre de voix la note suspecte, celle qui révèle la vérité de l’ensemble. L’ensemble en question, c’est le grand mensonge verbeux que nous tricotons chaque jour pour nous tenir chaud. L’humanité en bonne santé ment et se ment

P48/ Et comment sont-ils, tous les autres ?
— Ils font mine d’écouter les voix, mais ils ne les entendent pas.
— Ils ne les comprennent pas, c’est cela ?
— Non.
— Et pourquoi sont-ils incapables de comprendre ce qu’on leur raconte, monsieur Steiner ?
— Il y a plein de raisons à cela. La première est que chacun est centré sur son nombril, sur ses petites préoccupations intimes, au point qu’il ne reste plus de place pour personne. Et il y a d’autres raisons : la fatigue que génère l’empathie, la peur de rencontrer son voisin, le dégoût de la différence, le renoncement au voyage.

P48/ car l’art a engagé un dialogue entre nous. Et je suis triste car je pense qu’il n’y a que les œuvres d’art, les films, les livres, les tableaux ou la musique qui pénètrent vraiment nos consciences et nous somment d’être en mesure d’entendre ce que l’autre nous raconte

P61/ Car je suis convaincu d’une chose : c’est la certitude qui rend fou. Je lui préfère le doute. Vouloir connaître la vérité, c’est avoir de l’appétit pour le crime. C’est prendre le risque de perdre la raison. Ce qu’a vu Hamlet, la vérité qu’a vue Hamlet – le spectre – le promène au bord de la folie. Hamlet est paralysé car la vérité que lui donne à voir le fantôme de son père est trop forte.
…. Or, il y a fort à parier que c’est dans ce doute que se situe la vérité.

On est seul : dans l’infini du ventre, de la mer, ou du ciel. On est seul et on ne sait rien. Alors pourquoi ne pas préférer l’ignorance à la certitude

Or la volonté de faiblesse n’est-elle pas belle, elle aussi ? Cette faiblesse est notre doute. Et notre doute est notre condition d’existence. Le doute n’est pas un contenu de savoir, il ne nous offre aucun confort, aucune assise, mais il est le ferment de notre humanité. La conscience que nous avons de la cécité et de la surdité qui nous définissent nous oblige à dépasser les contours perceptibles des corps et des voix. Elle nous contraint à aller chercher au-delà de ce que notre être faillible se borne à percevoir. Borgnes ou culs-de-jatte, nous avançons dans une forêt de signaux ténus et il nous faut être sensibles aux vibrations. C’est ainsi que nous devenons des prophètes

P65/ il n’était pas normal que les médias occupent davantage le terrain que les scientifiques dans ce genre de situation. C’était pourtant ce qui se passait. C’est d’ailleurs ce qui se passe toujours.

Pour Duras, cette victoire du contingent sur l’essentiel, de la vulgarité sur l’intelligence devenait la traduction d’un renoncement entretenant un rapport avec le suicide de nos civilisations dites avancées. La cacophonie générale ressemblait à la chronique d’une mort annoncée : la nôtre

P88/ . L’accès à la conscience d’une vérité, quand elle se fait par la parole, peut avoir ce goût amer que le silence contribuait à adoucir. À quoi bon dire l’amer ? Il faut sans doute lui préférer l’aigre-doux du non-dit dans certaines situations. Je crois aussi qu’il y a parfois plus de courage à se taire qu’à formuler les choses

P97/ je lui ai demandé pourquoi elle me trouvait intelligent – Parce que vous doutez de tout

P107/ Le monde de ma mère tient dans le rectangle d’un iPhone. Le monde entier, d’ailleurs, s’inscrit dans le cadre d’un téléphone portable. On dialogue avec soi-même. On ne vise que notre centre. Plus de marge, plus d’arrière-plan, plus de perspective. Tout est plat. Tout est pauvre. Ne reste une place que pour notre figure défigurée par le zoom, que pour notre visage trafiqué par l’option modifier : plus de sépia, plus de lumière, plus d’ombres, plus de couleurs. Plus, plus, plus. Tout est faux, parce que nous sommes seuls sans les autres et que cet effacement nous place en dehors de la réalité
Nous construisons notre monde à la faveur de ce grossissement de l’ego et au détriment d’autrui

P108/ Je pense que cela est dû au fait qu’à la seconde où des visages apparaissent dans le cadre immatériel de l’ordinateur, nous ne sommes plus en présence de l’humain mais de son reflet trompeur

P139/ je comprends qu’on accède à la bonté auprès d’une présence qui nous permet de nous décentrer. La joie doit être communiquée. Et inversement : je crois qu’éprouver de la joie au détriment des autres, c’est faire le mal. Quand je suis triste, je suis méchant. Je suis un être amoindri et je nie mon semblable. Je dois me déployer vers lui. Je dois m’accroître en action et en pensée vers cet autre qui me donnera du bonheur

P141/ Ignorer notre colère et échanger avec la personne qui nous contrarie : voilà la tactique`

P155/ Je me dis souvent que l’art est la mise en œuvre d’un remplacement et qu’il manque toujours quelque chose à l’artiste

Créer est une lutte contre le désespoir

P169/ Être juif, c’est lire un crayon à la main. Pas pour acquiescer, mais pour remettre en question. Il faut admettre qu’on ne sait rien et qu’on se noie

P187/ La colère peut faire preuve de clémence, si on parvient à l’émouvoir. La vengeance, jamais. Elle est un torrent de boue qui dévale un flanc de montagne après l’orage et qu’on ne freine pas

Car la vengeance est sœur de la colère et par nature, la colère se trompe d’objet. Elle vise à côté. Aucun raisonnement là-dedans. Une illusion. Un délire de puissance. C’est tout

P205/ Parce que la nuit, quand on ne trouve pas le sommeil, qu’on se repasse le film de la journée, que l’on fait la liste de chaque manquement, crispation, imperfection de nos vies, on admet que la mécanique est grippée et qu’il est nécessaire de prendre une décision radicale. La nuit, on construit un discours imparable, orné d’arguments puissants, de théories cruelles, toutes destinées à faire tomber l’édifice de certitude chez l’autre, à fissurer la digue de sa mauvaise foi, afin que s’y engouffre l’eau, l’océan entier de notre détermination à prendre le dessus, à noyer une conscience chérie mais devenue trop présente

Nous sommes tous enfermés. Roshan chez moi. Steiner dans sa cave et aujourd’hui dans je ne sais quel purgatoire. Phil dans sa navette. Hannah dans son coma. Moi dans le ventre de Meredith. Les Palestiniens dans la bande de Gaza. Les Israéliens dans leur paranoïa. Ma mère et Simon dans leurs remords


« Le coeur battant de nos mères  » de Brit Bennett

1 novembre 2020

« Le coeur battant de nos mères » ou plutôt les mères (nom original « the mothers ») , est la version black des romans napolitains d’Elena Ferrante.
Dans une communauté religieuse californienne deux amies Nadia et Aubrey 17 ans, sans mères,  – l’une s’est suicidée,
« Et puis, un jour, la main de sa mère avait disparu et Nadia était tombée par terre, avec fracas. »
l’autre a rejeté sa fille.

Un avortement et un mec plutôt tordu Luke fils du pasteur de la commune. Il y aura donc toutes les combinaisons possibles. C’est explosif surtout lorsque Nadia s’aperçoit que son amie va accoucher d’un enfant de Luke alors que le sien a été « tué » .

« Mais elle n’a pas encore appris les mathématiques du chagrin. Le poids de ce qui a été perdu pèse toujours plus lourd que ce qui reste. »

« J’ai couché avec le marié », lâcha-t-elle. Shadi resta muet, si longtemps qu’elle pensa qu’il s’était endormi. « Quand ça ? — Il y a quatre ans. — Bah, c’était il y a quatre ans. — Et il va épouser ma meilleure amie. Ça ne te ferait pas chier si j’avais couché avec ton meilleur pote ?

Mais Audrey n’est pas dupe !  » C’est mon mari qui me fait du mal. Il croit que je ne sais pas qu’il en aime une autre. »

A la lecture du roman on s’aperçoit que Nadia est black, puis Audrey aussi, et l’écrivaine du roman aussi.
Ce qui m’a marqué particulièrement dans ce roman c’est la manière dont elles perçoivent la vie et le racisme environnant.

« Tu vois cette fille là-bas, disait Luke à un serveur qui passait, ce sera la première Présidente noire, tu verras. On prédisait la même chose à toutes les jeunes filles noires un peu douées. « 

« Les jeunes Noirs ne pouvaient pas se permettre d’être intrépides, avait-elle essayé de lui expliquer. Les jeunes Blancs intrépides finissaient politiciens ou banquiers, les jeunes Noirs finissaient à la morgue.

« Elle ressentait une forme sournoise de racisme : une attente plus longue pour qu’on vous dirige vers une table au restaurant, des jeunes Blanches qui ne déviaient pas de leur chemin, afin qu’elle marche sur la partie boueuse du trottoir, et un garçon ivre devant un club de salsa qui lui lançait qu’elle était « jolie pour une Noire ». En un sens, ce racisme subtil était pire car il vous rendait fou. Vous passiez votre temps à vous demander : est-ce vraiment du racisme ? Ou bien un effet de mon imagination ?

« — Tu ne voudrais pas un fils ? — Trop dangereux. Les jeunes Noirs sont des cibles humaines. Au moins, les filles ont une chance. — C’est pas vrai. — Qu’est-ce qui n’est pas vrai ? Pourquoi je me suis engagé à ton avis ? Mon vieux m’a dit : apprends à tirer avant que les Blancs te tirent dessus, et c’est ce que j’ai fait. Je suis allé jusqu’en Irak, mais je pourrais me promener dans la rue, ici, et recevoir une balle dans la tête. Tu sais pas ce que c’est. »

Brit Bennett est une excellente transmetteuse de sensations et impressions .

« Elle-même avait été l’erreur de sa mère. »

« Pour une fille, la première fois était censée faire mal. C’était en supportant la douleur que l’on devenait femme. La plupart des moments importants dans la vie d’une femme s’accompagnaient de la souffrance, comme le premier rapport sexuel ou l’accouchement. Pour les hommes, c’était orgasmes et champagne. »

« Il avait côtoyé la mort. Il savait que ne pas en avoir peur n’était pas une preuve de courage. Que ceux qui ne craignaient pas la mort ignoraient tout de sa réalité »

Au café, secret d’un garçon de café
OK. Le pain, alors ? — Si tu finis pas ton pain, ils le refilent à une autre table. Et toi, tu touches le même pain qu’un type qui s’est gratté les couilles toute la journée. »

Après les napolitaines de Ferrante , voici donc les jeunes black américaines de Bennett, la vie trépignantes des jeunettes et le dur passage à l’age des responsabilités.  La vie, quoi !  » « Les mères  » aurait pu s’appeler aussi ‘L’amie prodigieuse » .

Note: 7/10 sur l’échelle RG.


Chavirer de Lola Lafon

6 octobre 2020

Chavirer est un roman (vrai ? , aucune idée !) dans l’esprit des  #Metoo ou de Vanessa Springora (« Le Consentement »)  mais surtout j’y retrouve la lignée de Jeffrey Epstein et particulièrement  de sa recruteuse Ghislaine Maxwell.

Dans Chavirer il s’agit de Cathy la recruteuse mais surtout de jeunes adolescentes comme Cléo 14 ans en 1984.

Cathy avait entrebâillé l’avenir et Cléo s’était précipitée, un pied dans la porte, le nez au vent, prête à sauter toutes les cases du jeu. Évidemment que Cathy fut une apparition de rêve dans la vie de Cléo.

25 ans plus tard on retrouvera toutes ces adolescentes de l’époque

Entre 1984 et 1994, vous aviez entre 13 et 15 ans. Vous avez été approchée par une femme vous invitant à postuler à la bourse d’une “fondation Galatée »

Chacune a servi à recruter d’autres élèves de sa classe ou son lycée. Ces adolescentes n’avaient guère conscience de cette manipulation, 

Finalement sous la « magie » de la fondation Galathée elle alimenteront ce réseau pédophile et conserveront leur vie durant leur silence honteux de ……

N’avoir rien dit. Rien fait. Avoir dit oui parce qu’on ne savait pas dire non

C’est pire qu’un #Metoo  car dans leur conscience  elles étaient consentantes, et recrutaient d’autres élèves.

Cléo n’ignorait rien de ce qui se déroulerait pour les autres. Elle avait choisi d’autres gamines, les avait convaincues. Elle n’avait alerté personne

Et ça n’est pas une affaire de prostitution. La prostitution est une transaction entre deux personnes qui se sont mises d’accord. Ces gamines n’avaient pas décidé d’échanger du sexe contre un stage ou une lettre de recommandation. Elles l’ont fait pour ne pas décevoir Cathy.

Parce qu’elles l’aimaient et voulaient continuer à en être aimées. Cathy a parié que l’amour les réduirait au silence. Elle a eu raison.

En conclusion l’affaire Galatée nous tend le miroir de nos malaises : ce n’est pas ce à quoi on nous oblige qui nous détruit, mais ce à quoi nous consentons qui nous ébrèche.

Chavirer écrit méli-mélo, qui draine suivant les époques, difficile à suivre toutes ces anecdotes des différentes adolescentes, mais au final dans l’esprit des temps ou l’on remet au grand jour ce que l’on n’a pas osé exposer ou en parler ces 50 dernières années. 

Definition de Chavirer: perturber quelqu’un. Il suffit de voir ces yeux multiples de jeunes visages d’adolescentes pour comprendre l’impression et le malaise.

Chavirer de Lola Lafon est candidat pour le prochain Goncourt 2020/21, roman touchant, bouleversant certes mais mal écrit et mal mis en scène.

Je n’ai trouve que 2 citations intéressantes:

« le chômage c’est la misère le travail c’est l’exploitation« 

« Le temps qu’il faudrait passer à la caresser au bon endroit de la bonne façon avant de parvenir à lui ôter ses sous-vêtements l’épuisait à l’avance. »

Note 6/10 sur l’échelle RG


Lecture d’été avec OLGA de Bernhard Schlink

6 septembre 2020

Ce qui m’a poussé à lire ce livre, c’est son titre OLGA, Olga c’est le nom de ma chère tante décédée prématurément à la suite d’une infusion de sang contaminé des années 90, tragique, car Olga pour moi, mon frère et ma soeur c’était une seconde mère, débordante d’amour pour nous et de bonté pour autrui. On peut vous donner de l’intérêt, de la compassion, de l’aide, de la … , de la…. mais rares sont les chère
qui s’adonnent á donner autant à autrui.

Et je reviens à l’Olga du roman, à son amour debordant pour Herbert qui lui n’est attiré que par l’aventure, le pole nord: « La mélodie de la vie d’Olga était son amour pour Herbert et sa résistance à Herbert, accomplissement et déception »

« C’est comme ça, garçon. Ce qui t’est donné, tu ne peux en profiter que si tu l’acceptes. »

« Tu me manques dans tout ce que nous faisions ensemble et que maintenant je fais seule. Et dans tout ce que je fais seule et que nous n’avons pas encore fait ensemble, mais dont je sais que nous pourrions le faire.« 

Et quelques « vérités » ou comment prendre la vie, vues par d’Olga:

«Elle le savait bien, que les autres sont autres qu’on ne pense.»

« Face à la neige et à la glace, aux armes et à la guerre, là vous vous sentez à la hauteur, vous les hommes, mais pas face aux questions d’une femme.»

«Les gens sociables vivent dans le présent, les solitaires dans le passé. »

« Il y avait la femme de ménage, qui ne cessait de nous répéter que plus elle connaissait les humains, plus elle aimait les bêtes « 

« L’histoire n’est pas le passé tel qu’il fut réellement. C’est la forme que nous lui donnons»

Ce roman que l’auteur a fait en 3 parties, récit d’Olga, récit de Ferdinand (ou l’auteur) et enfin les lettres historiques d’Olga, sont 3 portraits d »Olga ou comme le dit Marianne Payot, de L’Express: « Olga », un sublime portrait de femme. »

Lorsque Émilie, deux ans plus tard, me quitta pour un étudiant, tout le monde fut là pour me consoler – c’était une gentille fille, mais – chacun y alla d’une raison pour laquelle ce n’était pas la fille qu’il me fallait.
 » Seule Mlle (Olga) Rinke ne donna pas de raison, mais me dit que la vie était une succession de pertes, et que je devais apprendre suffisamment tôt à en prendre mon parti »

Bernhard Schlink en apothéose écrit
Naturellement, je sais à présent que la petite-fille me rappelait sa grand-mère. Comme c’est beau, que dans le visage d’Adelheid je retrouve le visage d’Olga !

Oui moi aussi dans Olga j’ai retrouvé en mémoire ma tante, après tant d’années mais jamais oubliée

Note: 7 sur l’échelle RG


Lectures d’un été-corona: « L’ombre du vent » de Carlos Ruiz Zafon (1/2)

25 juillet 2020

Je n’aurais donc découvert Carlos Ruiz Zafon qu’après sa mort ce mois-ci, « L’ombre du vent » est un très long roman de prés de 600 pages, qu’il me fallait rendre à temps à la bibliothèque digitale, de plus je l’ai relu aussitôt car ce roman est empoignant, envoûtant c’est donc dire que j’ai du y passer pas mal d’heures la nuit. Un chef d’œuvre et tout autre qualificatif serait insuffisant. Il y a le style, la narration , l’esprit, l’humour, la vie et forcement la mort, ça va ensemble, et une psychologie profonde des caractères et comportements humains.

Que demander de plus en cette période de déprime corona et où les bons écrivains genre Philip Roth, Amos Oz ont disparus.

Trop de vérités et de citations à méditer chez Carlos Ruiz Zafon, en voici quelques unes recueillies sur la littérature, l’amour/femmes , l’argent et  » les autres ».

les livres / la littérature

 Les livres sont des miroirs, et l’on n’y voit que ce qu’on porte en soi-même

Je ne connaissais pas encore le plaisir de lire, d’ouvrir des portes et d’explorer son âme, de s’abandonner à l’imagination, à la beauté et au mystère de la fiction et du langage

Un jour, j’ai entendu un habitué de la librairie de mon père dire que rien ne marque autant un lecteur que le premier livre qui s’ouvre vraiment un chemin jusqu’à son cœur. Ces premières images, l’écho de ces premiers mots que nous croyons avoir laissés derrière nous, nous accompagnent toute notre vie et sculptent dans notre mémoire un palais auquel, tôt ou tard – et peu importe le nombre de livres que nous lisons, combien d’univers nous découvrons – nous reviendrons un jour.

Bea prétend que l’art de la lecture meurt de mort lente, que c’est un rituel intime, qu’un livre est un miroir où nous trouvons seulement ce que nous portons déjà en nous, que lire est engager son esprit et son âme, des biens qui se font de plus en plus rares

L’amour, les femmes

Et vous, les femmes, vous les aimez comment, Daniel ?

— À vrai dire, je n’y connais pas grand-chose.

— Personne n’y connaît rien, ni Freud ni elles-mêmes, mais c’est comme l’électricité, pas besoin de savoir comment ça fonctionne pour recevoir une secousse

 Le meilleur, avec les femmes, c’est de les découvrir. Il n’y a rien qui vaille la première fois. On ne sait pas ce qu’est la vie avant d’en avoir déshabillé une pour la première fois. Bouton après bouton, comme si vous peliez une patate bien chaude par une nuit d’hiver. Aaaaah… !

 J’en sais plus que vous sur les femmes et sur le monde. Comme nous l’enseigne Freud, la femme désire l’opposé de ce qu’elle pense ou déclare, ce qui, à bien y regarder, n’est pas si terrible, car l’homme, comme nous l’enseigne monsieur de La Palice, obéit, au contraire, aux injonctions de son appareil génital ou digestif

Le cœur de la femme est un labyrinthe de subtilités qui défie l’esprit grossier du mâle à l’affût.

Les femmes, à part quelques exceptions qui confirment la règle comme votre voisine Merceditas, sont plus intelligentes que nous, ou en tout cas plus sincères avec elles-mêmes quand il s’agit de savoir ce qu’elles veulent. Ça n’a rien à voir avec ce qu’elles vous disent, à vous ou au reste du monde. Vous affrontez une énigme de la nature, Daniel. La femme, c’est Babel et labyrinthe. Si vous la laissez réfléchir, vous êtes perdu. Souvenez-vous-en : cœur chaud, tête froide. L’a b c du séducteur.

Le problème, c’est que l’homme, pour en revenir à Freud et utiliser une métaphore, fonctionne comme une ampoule électrique : il s’allume d’un coup et refroidit aussi vite. La femme, elle, c’est scientifiquement prouvé, s’échauffe comme une casserole, vous comprenez ? Peu à peu, à feu lent, comme la bonne fricassée. Mais quand elle est enfin chaude, personne ne peut plus l’arrêter. Comme les hauts-fourneaux de Biscaye.

 Sempere, il vous faut chercher une bonne épouse, ce ne sont pas les veuves en bonne santé et dans la fleur de l’âge qui manquent aujourd’hui, vous savez ce que je veux dire. Une femme gentille à la maison, ça vous change la vie, mon vieux, et ça vous rajeunit de vingt ans. C’est incroyable ce que peut faire une paire de nichons

le mensonge, le menteur

Nul n’a autant de compassion pour un menteur qu’un autre menteur

Tu mens encore mieux que moi !

L’argent

L’argent agit comme n’importe quel virus : après avoir pourri l’âme de celui qui l’héberge, il part à la recherche de sang frais.

 

Le moyen le plus efficace de rendre les pauvres inoffensifs est de leur apprendre à vouloir imiter les riches. C’est là le poison qui permet au capitalisme d’aveugler les …..

La langue préférée de Cabestany était la peseta, le reste il s’en fichait

La difficulté n’est pas de gagner de l’argent, se lamentait-il. La difficulté est de le gagner en faisant quelque chose qui en vaille la peine

« les autres »

C’est étrange, cette manière que nous avons de juger les autres : c’est seulement quand ils viennent à nous manquer, quand on nous les prend, que nous découvrons à quel point notre mépris était misérable

Nous croyons parfois que les gens sont des billets de loterie : qu’ils sont là pour transformer en réalité nos absurdes illusions.








En resumé un grand romancier et un  roman dont je me suis délecté et qui
 m'aura permis d'oublier la morosité de cet été corona.
De belles citations ...... à suivre ......

Note: 9/10  sur l'echelle RG, un G livre, un G roman, un G écrivain 

Le dernier hiver du Cid de Jérôme Garcin

10 novembre 2019

Il y a soixante ans, le 25 novembre 1959 disparaissait Gérard Philipe. Il avait 36 ans à peine, mais une incroyable carrière au théâtre, au cinéma, engagé socialement et politiquement.
Enfant j’ai admiré Gérard Philipe, un de mes premiers films que j’ai vu en salle “Fanfan la Tulipe” m’a émerveillé, il était intrépide, courageux, un modèle pour les enfants de l’époque. Nous chantions “En avant Fanfan la tulipe, en avant…”
Ma mère m’a prénommé Gérard certainement en son honneur, et elle voyait souvent en moi un petit Gérard Philipe.
Bref, j’ai ensuite grandi avec sa grande absence, il avait disparu et je n’ai jamais su comment jusqu’à la lecture du “le dernier hiver du Cid” écrit par son beau-fils Jérôme Garcin qui a épousé sa fille Anne-Marie Philipe, et aujourd’hui nous conte ses dernières semaines, la découverte subite d’un cancer du foie, maladie qui jusqu’à aujourd’hui ne laisse que très peu de temps de survie au patient.
Mais ce qui m’a marqué c’est le parallèle avec l’histoire de mon beau père Haim z’l quand le chirurgien nous a annoncé et nous a assommé en déclarant qu’il lui restait moins de six mois à vivre, et aussitôt la décision familiale de lui cacher le nom et l’ampleur de cette horreur, tout comme cela s’est produit pour Gérard Philipe. Identique avec 26 ans d’écart !

Le cancer de votre mari est très rare, il n’en existe qu’une poignée de cas dans les annales de la médecine. » La tumeur est trop grosse, le mal irréversible. L’ablation n’y changerait rien. Deux des médecins baissent les yeux. Emmitouflée dans son manteau, insensible à la chaleur, au monde réel, Anne est immobile, muette, ses pieds semblent coulés dans du ciment frais.
Le silence s’abat soudain sur cette pièce à côté de laquelle dort, d’un sommeil artificiel, dans la grande nuit de l’ignorance, l’homme de sa vie.

Elle regarde droit le chirurgien et, sur un ton sec qui appelle une réponse sèche, demande simplement : « Combien de temps ? » « De quinze jours à six mois. Six mois maximum. » Ce n’est pas un pronostic, c’est une sentence, et elle est sans appel.
Elle comprend : plutôt quinze jours que six mois. L’avenir, c’est donc demain. Une question d’heures. Le temps d’un soupir. « Et vous ne pouvez pas faire qu’il ne se réveille plus puisqu’il dort encore ? » « Non, madame.

Elle prend alors, à haute voix, sa décision : « Il ne saura pas. »

Ces lignes m’ont faites couler des larmes.

fanfanlatulipe

Mais je reviens au roman, bien écrit, une recherche du moindre mot, c’est presque de la prose.

Ce n’est pas, il en rêve si souvent, il en connaît les moindres allusions. Il la regrette déjà, la fatigue des jours heureux.

Il y a beaucoup de fiction, de narrations inventées pour les besoins de la cause, mais ce qui compte c’est l’impression, l’impression de ce qu’ont pu être les dernières semaines et les derniers jours du grand et doué Gérard Philipe. Il était un favorisé jusqu’au jour où le ciel lui est tombé sur la tête.

« Parmi les heureux de la terre, ne considérez personne comme favorisé du sort avant qu’il ne soit mort.» Euripide

Note 7/10 sur l’échelle RG, en résumé un bel hommage à Gérard Philipe.


Permanent Record d’Edward Snowden

21 octobre 2019

Le titre du livre de Snowden en version française “Mémoires vives” est trompeur et devrait plutôt être “Archive permanente”, car c’est de cela qu’il s’agit d’enregistrement continu de chacun d’entre nous.
Mais auparavant, il faut tirer son chapeau et s’incliner devant Edward Snowden qui pour des raisons d’éthiques, de morale, de valeurs de liberté et de démocratie a dénoncé le système et paie jusqu’à ce jour le prix en se retrouvant en exil à Moscou depuis 6 ans maintenant. Chapeau Ed, pas beaucoup pourraient en faire de même !

C’est un témoignage exceptionnel que Snowden nous présente dans ce livre autobiographique, il explique les raisons qui l’ont poussé en 2013 à transmettre des dizaines de documents secrets à plusieurs médias, révélant au passage l’existence d’un système de surveillance mondiale des communications et d’internet opérée par la NSA.

Snowden a travaillé 7 ans avec la NSA:

Durant ces 7 ans, j’ai pu participer au changement le plus important de l’espionnage américain – le passage de la surveillance ciblées a la surveillance de masse de populations entières.

Grace a la déduplication et aux progrès réalisés en matière de stockage, la NSA pouvait conserver des renseignements bc plus longtemps qu‘auparavant, aujourd’hui elle doit être en mesure de les conserver pendant plusieurs dizaines d’années.
Cette rationalisation répondait au vœu le plus cher du service secret: la permanence, c-a-d stocker une fois pour toutes et a jamais l’ensemble des fichiers afin de constituer une mémoire parfaite: une archive permanente.

Tout a commencé le 11 septembre 2011 mais ….

Au terme d’une décennie de surveillance de masse, l’informatique a prouvé qu’elle servait davantage à brider la liberté qu’a lutter contre le terrorisme.
Une fois que l’omniprésence de la collecte serait associée à la permanence de l’archivage, les gouvernements n’aurait pas qu’a choisir une personne ou un groupe pour les accuser et chercher les preuves opportunes- tout comme je le faisais, quand je cherchais dans les fichiers de l’ agence.

Nos appareils, téléphones portables et ordinateurs, font tous office d’agents recenseurs miniatures que nous transportons sur nous ou dans notre sac a dos, des agents recenseurs qui se souviennent de tout et ne pardonnent rien.

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Oui l’internet d’antan (fin du 20iéme siècle , il n’y a pas très longtemps! ) n’est plus malheureusement l’internet d’aujourd’hui

Le Web creative s’est effondré et une multitude de sites magnifiques, singuliers et pas toujours facile à gérer ont fermé.
Leur maintenance était laborieuse alors les gens les ont remplacés par une page Facebook ou un compte Gmail, plus commodes.
Tout se passait comme s’ils en étaient les propriétaires alors que ce n’était pas le cas. Peu d’entre nous l’ont réalisé à l’époque, et pourtant, plus rien de ce que nous allions partager ne nous appartiendrait. Ceux qui avaient remplacé les acteurs de l’e-commerce qui avaient fait faillite parce qu’ils n’avaient pas quoi nous vendre sciemment trouve un nouveau produit. Ce nouveau produit c’était nous.

Ce qui est terrible en refermant ce livre c’est qu’aujourd’hui rien n’a changé et c’est même pire, Google, Facebook, Amazon nous volent nos informations les plus intimes sans que nous ayons la force et les moyens de stopper cela. Nos informations leur appartiennent plus qu’à nous, regardez le “cloud” (quel beau mot qui fait rêver alors que ces serveurs sont enfoncés sous terre), le cloud ce sont vos photos et qui ne vous appartiennent plus !

« Permanent Record » un must à lire, merci Ed, bon courage, un jour peut être la liberté reprendra le dessus aux États Unis et
tu seras libre. Un leurre peut être, mais un espoir car tout dépend de nous, des jeunes surtout, il suffit de mettre un cross sur Facebook pour que nous puissions revenir au web d’antan. Ce sera le printemps informatique.

PS: Je terminerai avec la question Snowden.
Question: est ce que vous préféreriez laisser vos collègues trainer seuls ds votre maison pendant 1 h ou leur donner accès a votre téléphone ne serait ce que 10 minutes ?


“Passions” déçues de Sarkozy

8 octobre 2019

Je reçois un coup de fil de la bibliothécaire de CSL,
“ BONJOUR / HI ”.
Je réponds “BONJOUR”.
De cette anodine et banale réponse la bibliothécaire en déduit qu’elle doit me parler en français, ainsi vit Montreal en cette veille d’élection fédérale, il ne faut surtout pas choquer quiconque.

– « J’ai pour vous « Passions » de Nicolas Sarkozy, vous pouvez passer le prendre, vous êtes le premier sur la liste, ça me semble un livre passionnant, bonne lecture ! »

Passionnant ! C’est trop dire !
Passions! peut être ! c’est un état affectif intense et irraisonné qui domine quelqu’un.
Sarko a deux passions la politique et Carla.
Première déception, je pensais trouver dans cette lecture l’histoire d’un quinquennat à l’Elysée, les idées d’un Président sur le Monde moderne surpeuplé et mondialisé mais le livre s’arrête avec son élection en 2007.
Seconde déception, c’est un règlement de compte politique au sein de la droite, avec Chirac, avec Villepin, avec Filion, avec …, avec…, et même un règlement avec Ségolène Royal non sur le duel entre les 2 candidats à la Présidentielle mais sur des affaires de famille.
Je pensais que les politiciens avaient une peau d’éléphant pour les protéger de ces combats perpétuels mais leur égo est au delà et leur rancune ne s’efface jamais.
Je croyais trouver de grandes idées de chef d’État, je n’ai trouvé que de la petite politique de partis.
La deuxième passion donc, c’est Carla “je peux maintenant dire que le coup de foudre existe! Il fut immédiatement, immédiat et sans appel.
Un coup de foudre bien sur ça existe chez les jeunes jeunes et les braves naïfs. Nous sommes en 2007, Sarko est quinquagénaire et politicien ! Bon si ça peut lui faire plaisir laissons le croire surtout qu’il me semble que ce livre est l’œuvre d’un nègre littéraire plutôt que de la plume de Sarko, je préfère encore lire Nicolas et Bonsoir les Enfants

Epilogue: Je prends mon téléphone
– BONJOUR / HI
– Library of CSL, HI !
– Can you please réserve me a film or a book on NICOLAS,
….. NO …. not SARKOZY, but NICOLAS AND PIMPRENELLE

Décidément on parle de moins en moins français à Montréal !