Lectures d’un été-corona: « L’ombre du vent » de Carlos Ruiz Zafon (1/2)

Je n’aurais donc découvert Carlos Ruiz Zafon qu’après sa mort ce mois-ci, « L’ombre du vent » est un très long roman de prés de 600 pages, qu’il me fallait rendre à temps à la bibliothèque digitale, de plus je l’ai relu aussitôt car ce roman est empoignant, envoûtant c’est donc dire que j’ai du y passer pas mal d’heures la nuit. Un chef d’œuvre et tout autre qualificatif serait insuffisant. Il y a le style, la narration , l’esprit, l’humour, la vie et forcement la mort, ça va ensemble, et une psychologie profonde des caractères et comportements humains.

Que demander de plus en cette période de déprime corona et où les bons écrivains genre Philip Roth, Amos Oz ont disparus.

Trop de vérités et de citations à méditer chez Carlos Ruiz Zafon, en voici quelques unes recueillies sur la littérature, l’amour/femmes , l’argent et  » les autres ».

les livres / la littérature

 Les livres sont des miroirs, et l’on n’y voit que ce qu’on porte en soi-même

Je ne connaissais pas encore le plaisir de lire, d’ouvrir des portes et d’explorer son âme, de s’abandonner à l’imagination, à la beauté et au mystère de la fiction et du langage

Un jour, j’ai entendu un habitué de la librairie de mon père dire que rien ne marque autant un lecteur que le premier livre qui s’ouvre vraiment un chemin jusqu’à son cœur. Ces premières images, l’écho de ces premiers mots que nous croyons avoir laissés derrière nous, nous accompagnent toute notre vie et sculptent dans notre mémoire un palais auquel, tôt ou tard – et peu importe le nombre de livres que nous lisons, combien d’univers nous découvrons – nous reviendrons un jour.

Bea prétend que l’art de la lecture meurt de mort lente, que c’est un rituel intime, qu’un livre est un miroir où nous trouvons seulement ce que nous portons déjà en nous, que lire est engager son esprit et son âme, des biens qui se font de plus en plus rares

L’amour, les femmes

Et vous, les femmes, vous les aimez comment, Daniel ?

— À vrai dire, je n’y connais pas grand-chose.

— Personne n’y connaît rien, ni Freud ni elles-mêmes, mais c’est comme l’électricité, pas besoin de savoir comment ça fonctionne pour recevoir une secousse

 Le meilleur, avec les femmes, c’est de les découvrir. Il n’y a rien qui vaille la première fois. On ne sait pas ce qu’est la vie avant d’en avoir déshabillé une pour la première fois. Bouton après bouton, comme si vous peliez une patate bien chaude par une nuit d’hiver. Aaaaah… !

 J’en sais plus que vous sur les femmes et sur le monde. Comme nous l’enseigne Freud, la femme désire l’opposé de ce qu’elle pense ou déclare, ce qui, à bien y regarder, n’est pas si terrible, car l’homme, comme nous l’enseigne monsieur de La Palice, obéit, au contraire, aux injonctions de son appareil génital ou digestif

Le cœur de la femme est un labyrinthe de subtilités qui défie l’esprit grossier du mâle à l’affût.

Les femmes, à part quelques exceptions qui confirment la règle comme votre voisine Merceditas, sont plus intelligentes que nous, ou en tout cas plus sincères avec elles-mêmes quand il s’agit de savoir ce qu’elles veulent. Ça n’a rien à voir avec ce qu’elles vous disent, à vous ou au reste du monde. Vous affrontez une énigme de la nature, Daniel. La femme, c’est Babel et labyrinthe. Si vous la laissez réfléchir, vous êtes perdu. Souvenez-vous-en : cœur chaud, tête froide. L’a b c du séducteur.

Le problème, c’est que l’homme, pour en revenir à Freud et utiliser une métaphore, fonctionne comme une ampoule électrique : il s’allume d’un coup et refroidit aussi vite. La femme, elle, c’est scientifiquement prouvé, s’échauffe comme une casserole, vous comprenez ? Peu à peu, à feu lent, comme la bonne fricassée. Mais quand elle est enfin chaude, personne ne peut plus l’arrêter. Comme les hauts-fourneaux de Biscaye.

 Sempere, il vous faut chercher une bonne épouse, ce ne sont pas les veuves en bonne santé et dans la fleur de l’âge qui manquent aujourd’hui, vous savez ce que je veux dire. Une femme gentille à la maison, ça vous change la vie, mon vieux, et ça vous rajeunit de vingt ans. C’est incroyable ce que peut faire une paire de nichons

le mensonge, le menteur

Nul n’a autant de compassion pour un menteur qu’un autre menteur

Tu mens encore mieux que moi !

L’argent

L’argent agit comme n’importe quel virus : après avoir pourri l’âme de celui qui l’héberge, il part à la recherche de sang frais.

 

Le moyen le plus efficace de rendre les pauvres inoffensifs est de leur apprendre à vouloir imiter les riches. C’est là le poison qui permet au capitalisme d’aveugler les …..

La langue préférée de Cabestany était la peseta, le reste il s’en fichait

La difficulté n’est pas de gagner de l’argent, se lamentait-il. La difficulté est de le gagner en faisant quelque chose qui en vaille la peine

« les autres »

C’est étrange, cette manière que nous avons de juger les autres : c’est seulement quand ils viennent à nous manquer, quand on nous les prend, que nous découvrons à quel point notre mépris était misérable

Nous croyons parfois que les gens sont des billets de loterie : qu’ils sont là pour transformer en réalité nos absurdes illusions.








En resumé un grand romancier et un  roman dont je me suis délecté et qui
 m'aura permis d'oublier la morosité de cet été corona.
De belles citations ...... à suivre ......

Note: 9/10  sur l'echelle RG, un G livre, un G roman, un G écrivain 

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