Presque centenaire, Jean Daniel nous a quittés. Pour moi c’était surtout et avant tout Daniel Bensaid, le pied noir, l’ami d’Albert Camus.
Je me souviens comment j’ai eu l’audace et le culot de convaincre la bibliothécaire du boulot de m’abonner au Nouvel Obs par nécessité, alors que je m’occupais d’informatique, de maths, de stats. Mais le Nouvel Obs de l’époque, et surtout Jean Daniel me confortait par son esprit cartesien. Chaque jeudi, des que la bibliothécaire m’annonçait que l’hebdomadaire était arrivé, je laissais tout tomber et me jetais en premier sur l’éditorial de Jean Daniel, je n’étais pas toujours d’accord avec ses idées mais sa manière d’analyser, sa logique, son pour et contre, sa dissection des mots, des concepts pour mieux comprendre les hommes politiques m’a toujours impressionné.
Sur le conflit israelo-palestinien je retiendrais cette phrase de Jean Daniel en pleine intifada: « La paix ne sera possible que lorsque les deux camps auront combattu leurs extrémistes. »
La dernière fois ou je l’ai aperçu c’était à la foire du livre de Jérusalem il y une vingtaine d’année où il était venu présenter son dernier livre.
Pour moi Jean Daniel c’est une époque, le Nouvel Obs n’étant plus ce qu’il était, il ne me reste que les idées et la méthode Jean Daniel.
Jean Daniel, 100 ans, c’est la preuve que l’on peut vivre de ses passions.
PS: Daniel Bensaid, un peu mon oncle Jojo, un peu Philippe Roth mais surtout le témoin actif du XX ieme siècle. Kirk Douglas, Jean Daniel, Philippe Roth les géants du XX ieme siècle disparaissent peu à peu.
Gerard Rouah - décryptages 