La purge du sultan Erdogan

24 juillet 2016

Le 15 juillet dernier, la Turquie a été victime d’une tentative de coup d’Etat militaire, qui s’est soldée par au moins 200 morts (pour la plupart des civils) et plus de 1400 blessés. Aussitôt après l’échec du coup d’état, le gouvernement turc a entrepris, à l’intérieur de l’administration et des services publics, une purge de masse, qui apparaît sans aucune proportion avec l’événement. Le nombre total des individus chassés de leur fonction, interdits d’exercice ou même arrêtés, s’élève d’ores et déjà à plus de 61 000, incluant notamment : pour le ministère de la Justice, 2875 juges ; pour les services du Premier ministre, 257 fonctionnaires et employés ; pour le ministère de l’Intérieur, 8777 fonctionnaires de police et de gendarmerie, gouverneurs de provinces et gouverneurs locaux, employés ; pour le ministère de l’Education nationale, 21 738 suspensions ; pour l’Enseignement supérieur, 116 professeurs dont 4 recteurs, auxquels s’ajoutent les 1577 doyens dont la démission est exigée ; pour le ministère de la Famille et des affaires sociales, 393 fonctionnaires ; pour le ministère des Finances, 1500 employés ; pour la Sécurité nationale, 100 membres des services ; pour le Conseil de surveillance du marché de l’énergie, 25 employés ; pour le ministère du Développement, 16 employés ; pour le ministère des Eaux et forêts, 197 employés ; pour le ministère de l’Energie et des ressources naturelles, 300 employés ; pour le ministère de la Jeunesse et des sports, 245 employés ; pour le ministère de l’Environnement et de l’urbanisation, 70 employés ; pour le Conseil supérieur de la radio-télévision, 29 employés ; pour l’Agence de contrôle et de régulation bancaire, 86 employés ; pour le ministère du Commerce extérieur et des douanes, 176 employés ; pour la Haute autorité de la concurrence, 8 employés ; pour la Cour de justice militaire, 35 employés ; pour le ministère de la Défense, 7 employés ; pour la Bourse d’Istanbul, 52 employés… En outre, 21 000 licences d’enseignement dans les écoles privées ont été révoquées.

Selon toute probabilité, les universitaires seront les prochaines cibles visées : plusieurs milliers d’entre eux font déjà l’objet de poursuites, accusés de «soutenir le terrorisme» pour avoir exprimé leur solidarité avec les populations kurdes de la région du sud-est de la Turquie, qui depuis un an font l’objet d’attaques répétées et meurtrières de la part des forces armées turques.

Des sources dignes de confiance – en particulier le Commissaire eurpéen pour la politique régionale et l’élargissement européen, Johannes Hahn – font savoir que les listes d’arrestations avaient été préparées avant même le déclenchement du coup d’état. Certaines défendent l’idée que le coup d’état a été organisé pour procéder à ces arrestations en invoquant l’état d’urgence.

Le Premier ministre turc a décidé d’annuler les vacances annuelles de plus de trois millions de fonctionnaires dans tout le pays. Les employés du secteur public ont aussi l’interdiction de voyager à l’étranger. Enfin, au cours de son interview sur CNN du 18 juillet, le Président Recep Tayyip Erdogan a laissé entendre que la peine de mort pourrait être rétablie en Turquie. Depuis lors, l’état d’urgence a été proclamé en Turquie, suivi par la suspension temporaire de la Convention européenne des droits de l’homme, telle que l’autorise son article 15. Mais cet article n’autorise pas pour autant le mépris des principes fondamentaux définis par la Convention.

En somme l’équilibre des pouvoirs n’existe plus dans le pays. On apprend que les personnes placées en garde à vue ne trouvent pas d’avocats pour les défendre, parce que ceux-ci n’osent pas prendre leur dossier en charge, de peur de se retrouver eux-mêmes sur les listes de proscription.

Or la Turquie est signataire de la Convention européenne des droits de l’homme et du protocole n° 6 concernant l’abolition de la peine de mort. En tant que candidat à l’adhésion à l’Union européenne, elle s’est également engagée à respecter intégralement les critères de Copenhague, qui incluent l’intangibilité des institutions garantes de la démocratie, de l’Etat de droit, des droits de l’homme, de la protection et du respect des minorités, et enfin, l’abolition de la peine de mort.

Nous, signataires ……

La suite de cet appel n’a aucune valeur car en 2016  l’Union Européenne est incapable d’agir contre quiconque, la purge du sultan se poursuivra malheureusement.

Les valeurs universelles de l’Occident fondent devant un contrat d’avions ou d’armes que les despotes leur offrent.


Erdogan ou la folie des grandeurs

13 septembre 2011

Beaucoup de bruit, beaucoup de gesticulations médiatiques et en utilisant les palestiniens (qui ne les a pas utilisé à ce jour, depuis Nasser  en passant par Nassarallah et Ahmenidjab) car il aurait bien pu faire comme il l’a promis un petit détour par Gaza, mais les puits de pétrole lybien sont bien plus prometteurs.

N’oublions pas que la force de l’armée turque tient de l’Otan et des enseignements de Tsahal.

Enfin , si la Turquie veut être à la tête du monde arabe, que fait elle pour donner un petit peu de travail à des millions d’égyptiens chomeurs.  Et si on ouvrait des entreprises turques en Egypte pour aider les frères. Chut faut pas évoquer l’option! Elle n’existe pas.

Au total beaucoup de déclarations démagogiques pour un héros du jour, cela créé de la sympathie quand on a la folie des grandeurs, mais cela ne créé pas un seul job, ni ne résout aucun problème des printemps arabes.


Des Erdogan, on en a deja vu beaucoup dans l’histoire, autant en emporte le vent…….


Le pont turc de la rivière Obama

9 juin 2010

Obama désirait que la Turquie devienne un pont entre l’Occident et le monde musulman. Tout ou presque la prédestinait, sa situation géographique, son désir d’entrer dans l’union européenne, sa laïcité, ses bonnes relations avec Israel, son appartenance à l’Otan.
Seulement avec Erdogan au pouvoir, la Turquie a senti le vide laissé par le désir de non ingérence d’ Obama, or les politiciens ont toujours horreur du vide et ont un besoin vital d’avancer leurs pions sur l’échiquier mondial.
La Turquie a senti le vide laissé par l’ Egypte qui ne mène plus le monde arabe avec un Moubarak vieillissant, a senti qu’elle pourrait utiliser le conflit israelo-palestinien pour prendre la tête du mouvement islamique, et sa médiation sur l’Iran lui a permis de mieux faire avancer ses pions.
La Turquie et les États-Unis deviennent donc des concurrents stratégiques et aujourd’hui au lieu d’être un pont entre Occident et Islam, la Turquie d’ Erdogan est un explosif.
On le verra avec le vote de la Turquie sur le nucléaire iranien, on le verra avec la menace fondamentaliste de la Turquie sur l’Egypte, on le verra avec l’alliance irano-turque. Le pont de la rivière Obama a donc explosé.

Les relations occident-islam sont donc plus compliquées, Obama devra se rendre compte qu’on ne peut être l’ami de tous, on n’est pas sur Facebook, il faut choisir Israel ou la Turquie, l’Egypte ou la Turquie, les kurdes ou les turcs, la Grèce ou la Turquie.