Un été avec Baruch Spinoza

J’avais découvert chez mon fameux bouquiniste de Jerusalem le Traité théologico-politique de Baruch Spinoza.
J’ai eu beaucoup de mal à suivre, la lecture n’est pas aisée et j’ai eu parfois des difficultés à suivre la logique et puissance intellectuelle de Spinoza.
Ce livre est donc depuis et à ce jour un livre de chevet, je lis parfois un deux paragraphes et je le repose.

A Montréal, comme par miracle je tombe à la bibliothéque sur le succés de cet été: ‘Le Miracle Spinoza’ de Frederic Lenoir. J’ai donc sauté sur l’occasion pour mieux comprendre la philosophie, je dirais le mode de vie de Spinoza.

Ne pas se moquer, ne pas se lamenter, ne pas detester, mais comprendre.
Baruch Spinoza

Plutot que de réagir face aux événements avec nos émotions, essayons de les comprendre.
Vaincre le mal en s’attaquant à ses causes profondes est plus utile que de passer son temps à s’indigner, se lamenter, detester et condamner, ce qui nous dispense le plus souvent d’agir.

« En réfléchissant plus longuement, je fus convaincu que, pourvu que je puisse m’adonner entiérement à la reflexion, je laissais des maux certains pour un bien certain »

Passons à la croyance en Dieu et les religions chez Spinoza.
Comment en plein XVII iéme siécle Baruch Spinoza a pu être un précurseur des démocraties modernes ?
Voiçi un exemple: une incisive critique de la religion musulmane

Nulle part que chez les Turcs, la pensée est muselée au nom de la religion
« La simple discussion passe por un sacrilége et tant de prejugés absorbent le jugement que la saine raison ne saurait plus se faire écouter, fut-ce pour suggérer un simple doute »

Dans une moindre mesure, il va de même en Europe avec les monarchies, car

« Le grand secret du régime monarchique et son intéret vital consistent à tromper les hommes, en travestissant du nom de religion la crainte, dont on veut les tenir en bride de sorte qu’ils combattent pour leur servitude, comme s’il s’agissait de leur salut »

Et Spinoza ne tarit pas d’éloges aussi sur sa propre religion, le judaisme

Selon lui, la plupart des croyants n’ont conservé de la religion que le culte exterieur, et la foi, chez eux, ne constite qu’en crédulités et prejugés.

La Thora n’a pas été écrite par Moise lui-même, mais par un auteur bien plus tardif, probablement le prête et scribe Esdras qui ramena des milliers d’exilés judéens de Babylone à Jerusalem en 459 avant notre ère.
Spinoza a été excommunié de la communauté juive mais rien ne l’a jamais fait deriver dans sa recherche du vrai.

Les chretiens aussi sont visés, on y trouve une charge violente contre les clercs, les theologiens et les autorités religieuses, qui utilisent et interpretent les Ecritures afin de consolider leur pouvoir et d’étendre leur domination sur les hommes

« Seule une ambition criminelle a pu faire que la religion consistat moins à obéir aux enseignements de l’Esprit-Saint qu’à défendre des inventions humaines, bien plus, qu’elle s’employat à repandre parmi les hommes, non pas l’amour, mais la lutte et la haine la plus cruelle sous un deguisement de zéle divin et de ferveur ardente »

Spinoza est un philosophe mais aussi un anthropologue, un psychiatre, au fait le Precurseur du monde moderne puisqu’il évoque deja les grands maux de notre XX iéme et XXI iéme siécle .

Pacte social, démocratie, laicité, égalité de tous les citoyens devant la loi, liberté de croyance et d’expression: Spinoza est le père de notre modernité politique.`
Il a perçu les limites de nos democraties et aussi le manque de rationalité des individus.

L’éthique de Spinoza n’apporte aucune injonction morale – « tu dois », « il faut » -, mais nous propose d’acquerir un discernement personnel sur les causes de nos sentiments afin de grandir en puissance, en liberté et dans la joie.

« Les hommes ignorent le plus souvent les causes de leurs desirs. Ils sont en effet coscients de leurs actions et de leurs désirs, mais ignorants des causes qui les déterminent à désirer quelque chose »

« Nous ne désirons aucune chose parce que nous jugeons qu’elle est bonne, mais, au contraire nous appellons bon ce que nous désirons »

Pour clore une anecdote : on a souvent demandé à Albert Einstein s’il croyait en Dieu.
Il répondait toujours la même chose: au Dieu de la Bible,non, mais au Dieu cosmique de Spinoza, oui.
« Je crois au Dieu de Spinoza qui se révèle dans l’harmonie de tout ce qui existe, mais non en un Dieu qui se préoccuperait du destin et des actes des humains« 

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